Le combat rapproché avec échange de coups de coude et de genou constitue la véritable spécialité de la boxe thaïe. Bien que ce genre de coups soit aussi présent dans d’autres arts martiaux, il n’atteint jamais le réalisme et l’efficacité du muay thaï.
Il y a encore quelques années, l’usage des techniques de coude était interdit en Occident… Et ce même dans les combats professionnels. Aujourd’hui, en revanche, les combattants peuvent s’affronter selon les règles thaïlandaises dans certains matchs internationaux… Mais seulement après accord au moment de la stipulation du contrat. On comprend la raison de cette « prudence » des organisateurs. Car le coude est l’une des parties du corps les plus dures, capable d’infliger des blessures sanglantes.
Le coup préféré des spectateurs
Pour s’en rendre compte, il suffit d’assister aux rencontres qui ont lieu dans n’importe quel stade thaïlandais. La plupart des blessures au visage sont justement causées par des coups de coude. En vertu de leur caractère dangereux, les coups de coude figurent parmi les techniques préférées des spectateurs. Ils parient des sommes supérieures sur la victoire obtenue de cette manière. Pour lancer un coup de coude, il faut en effet se tenir très près de l’adversaire, ce qui comporte donc davantage de risques d’être frappé.
Le combat aux coups de coude
En Orient, la phase du combat à coups de coude suit elle aussi un rituel. Même si rien n’interdit de faire autrement, les combattants ne l’entament généralement pas avant le troisième round. On assiste alors à de longues phases où toute autre technique semble oubliée et où les deux boxeurs, en essayant de se frapper sous tous les angles avec leurs coudes, sifflent le mot sok (coude) comme une sorte de défi à entreprendre la partie la plus virile de la rencontre.
La technique du coup de coude
En boxe thaïe, on utilise différents types d’attaques de coude en fonction de la trajectoire selon laquelle le coup est porté. La plus instinctive est la trajectoire circulaire. Parfois horizontale, elle est plus souvent descendante oblique, ascendante, ou même décrite en rotation, avec un tour complet du corps de 360 degrés. On peut aussi frapper en ligne droite, de haut en bas et vice versa, mais les coups circulaires s’avèrent plus efficaces et faciles à exécuter dans le cadre d’un combat.
Une technique plus évoluée
Certains boxeurs, tel le Hollandais Orlando Wiet, frappent avec leur coude après avoir sauté. Le coup arrive alors d’en haut et a un effet explosif, car à la dureté du coude s’ajoute tout le poids u corps. Il est important de comprendre qu’à l’inverse de ce qui se produit dans d’autres disciplines, en muay thaï la technique est toujours réalisée en souplesse.
L’effet dévastateur du coup de coude
Il ne s’agit pas d’assener une « pelletée », mais au contraire de « couper » la cible avec la pointe du coude, comme avec une lame. Le coude peut également faire office d’arme offensive indirecte. La dureté de l’articulation se prête à la mise en œuvre d’une défense « cuirassée » où le boxeur, en phase de combat rapproché, avance son coude pour opposer un obstacle supplémentaire à l’adversaire.
Telle est la technique favorite de nombreux boxeurs thaïs, comme Darris qui affronte de cette manière chaque situation de clinch. De la même façon, rien ne dit que les coups de coude doivent toujours viser la tête. Pendant le combat Dida-Dekker au mois de janvier 1995, nous avons vu le combattant hollandais se servir de son coude pour percer la défense du Français et lui démolir le bras gauche au niveau du biceps.
L’Entrainement
La principale méthode d’entrainement de ce genre de coups consiste à se placer devant un miroir et à répéter les techniques… Sans se soucier de la puissance. Pour une meilleure efficacité, l’utilisation du sac de frappe permet de bien appliquer le coup. Compte tenu de la dureté de la surface de frappe, l’efficacité du coup réside entièrement dans la fluidité du mouvement et dans l’angle d’attaque. Inutile, par conséquent, de contracter les muscles du bras et de l’épaule, sous peine de risquer de bloquer le geste au lieu de renforcer son effet. Une autre considération, indispensable, entre alors en jeu.
Attention aux contres
En décochant un coup de coude, on s’expose à distance rapprochée une contre-attaque identique de l’adversaire. Le boxeur veillera donc à protéger son visage avec l’autre main et l’avant-bras. Une « fermeture » efficace prévoit que la main ne participant pas à la phase d’assaut vienne se placer au niveau du front. Il se crée ainsi entre les deux bras une sorte de barrière qui permet de bloquer éventuelle une contre-attaque, y compris en phase offensive. Délivrer des coups de coude et se couvrir simultanément requiert une certaine coordination. Il s’agit par ailleurs d’un geste athlétique qu’il convient d’exécuter avec le maximum de fluidité. S’exercer devant la glace, en travaillant surtout la souplesse du mouvement épaule-avant-bras, garantira des progrès rapides.